Second volet de « Bitcoin le mal-aimé », une série qui réfute les mythes populaires autour du Bitcoin.

On entend parfois parler de Bitcoin comme étant le doyen des « cryptomonnaies ». Certains disent que c’était la première cryptomonnaie, je vous dirais que Bitcoin n’est ni plus ni moins que la dernière cryptomonnaie. Cela ne veut pas non plus dire que le Bitcoin est obsolète pour autant. Bien au contraire.

Source: @btcmarkets - Bitcoin&Markets, Ansel Lindner

Des années de recherches et d'expérimentation ont mené au développement et à la publication de Bitcoin en 2008. Bitcoin s’est inspiré de bon nombre de projets de monnaies numériques qui ont souvent été stoppés en cours de route à cause de leur dépendance d’un individu ou d’une société. Plusieurs projets ont permis à d’autres développeurs de mieux comprendre le fonctionnement de monnaies numériques. Pour perdurer de manière autonome sans l’amont d’un gouvernement, une monnaie numérique doit avant tout être complètement distribuée. Certes, la technologie de Bitcoin n’est pas transcendante. Au contraire, la préhistoire du Bitcoin nous montre qu'il y a eu des dizaines de tentatives de conception de monnaies numériques depuis les années 60 et le début d'internet. Digicash, Hashcash, B-money, Bit Gold, E-gold, ou encore Liberty Reserve, ont toutes apporté leur pierre à l'édifice pour permettre à Bitcoin d'émerger comme la dernière cryptomonnaie à s'imposer de manière durable. Pourquoi Bitcoin et pas ses prédécesseurs, ni ses successeurs ?

Bitcoin est une monnaie absolument distribuée, car personne n’est responsable de gérer sa politique monétaire. En revanche, n’importe qui peut vérifier le nombre de Bitcoins en circulation et s’assurer qu’il n’y a pas d’inflation. Bitcoin est la seule monnaie distribuée qui existe aujourd'hui. C'est d'ailleurs ce qui lui permet de continuer de perdurer dans le temps et ce qui rend son réseau de plus en plus robuste. Bitcoin n'utilise aucune technologie révolutionnaire. Bitcoin est même plutôt ennuyeux si on décortique les composantes de son réseau. Même la fameuse « blockchain » n'est pas si novatrice dans son design, alors que beaucoup vous diraient le contraire. La majorité des personnes vont simplement répéter ce que les médias disent sans trop investiguer sur le sujet. Sans rentrer dans les détails techniques, Bitcoin utilise des morceaux de technologie qui existent, pour la plupart, depuis des décennies. Le hashing (1958), les systèmes distribués (1969), la cryptographie à clé publique (1976), la cryptographie à courbe elliptique (1985) et plus récemment la réutilisation de preuve de travail (R-POW en 2004) ont tous été inventés bien avant Bitcoin. Ce qui rend Bitcoin nouveau, c'est l'alliage de toutes ces technologies entre elles pour en faire un tout.

Mais alors est-ce que les autres cryptomonnaies plus modernes peuvent détrôner Bitcoin avec de nouvelles technologies plus innovantes ?

Toutes les autres cryptomonnaies sont plus ou moins décentralisées, et tendent à se centraliser au fil du temps face aux aléas politiques autour de leurs réseaux. Ce n’est pas le cas du Bitcoin. Personne ne contrôle Bitcoin. Ignorer le passé qui a mené à l'invention, voire même à la découverte de Bitcoin, ne peut que mener à faire l'erreur de penser que Bitcoin est la doyenne des cryptomonnaies proche de l'obsolescence, pour laisser place à une nouvelle cryptomonnaie plus performante. Au contraire, Bitcoin a résisté au test du temps, à travers les années où le réseau était le plus vulnérable. Exposition aux bugs informatiques, tentatives d’actes de censure des banques et gouvernements inquiets face à une nouvelle monnaie hors de leur contrôle... Bitcoin, comme ces bons vieux Gaulois, résiste encore et toujours à l’envahisseur. Plus il perdure dans le temps, plus il a de chance de continuer de rayonner dans les années à venir. Il est important de comprendre dans quel cadre Bitcoin s'inscrit: celui d'une évolution monétaire et non d’une révolution technologique. Bitcoin est une nouvelle option d’épargne, d’échange et d’unité de compte. Ce projet doit être absolument distribué sans aucun point de défaillance unique. Aucun développeur, investisseur, homme politique ou entreprise ne peut en avoir le contrôle, a contrario des autres cryptomonnaies qui sont fortement influencées par leurs développeurs ou investisseurs. Même si des cryptomonnaies paraissent avoir des technologies plus innovantes, des transactions plus rapides ou des mécanismes de consensus plus écologiques, ces distinctions sont futiles et peu pertinentes sur le long terme.

Comme un bon vin qui mûrit au fil des années, Bitcoin s’affine lentement au cours du temps. Il semble que Bitcoin dispose d’un avantage indéniable sur les autres projets qui essayent tant bien que mal de répliquer son développement: il est d’une simplicité très banale. Les règles du protocole de Bitcoin restent inchangées, et c’est une bonne chose. Les autres cryptomonnaies qui expérimentent rapidement des fonctionnalités plus avancées, sont au mieux un laboratoire de recherche pour Bitcoin. Le réseau Bitcoin pourra intégrer ces améliorations s’il est convenu qu’elles sont nécessaires pour son évolution. En attendant, Bitcoin se solidifie tous les jours un peu plus, et continue d'offrir à ses utilisateurs une assurance contre l’inflation monétaire, ainsi qu’une garantie de résistance à la censure des paiements. Les autres cryptomonnaies continuent tant bien que mal de se renouveler techniquement et dans les discours que leurs promoteurs offrent à leurs utilisateurs: des rêves et promesses qui n’engagent que ceux qui y croient et qui poussent à la spéculation à court terme alors que Bitcoin invite à épargner de manière responsable sur le long terme.