Deuxième volet de « Bitcoin: le mal-aimé », une série d'articles qui réfute les mythes populaires autour du Bitcoin.

Aujourd’hui, je vous invite à plonger dans LE sujet le plus controversé autour de Bitcoin: l’écologie.

Car oui, comme vous le savez peut-être (ou peut-être pas), Bitcoin consomme de l'énergie...au point que certains vous diront qu'il pollue.

« Bitcoin pollue, parce que le réseau de Bitcoin nécessite de larges quantités d’énergie pour fonctionner. »
« Bitcoin pollue, parce que la plupart des centres de minage sont en Chine, et que les Chinois sont loin d’être respectueux de la planète. »

‌‌Bref, vous l’aurez compris, le Bitcoin pollue. Enfin, c’est ce qu’on entend dans les médias et la sphère publique. Mais qu’en est-il réellement ?

Le minage, c’est quoi ?

‌‌Le minage de bitcoins consiste au traitement des transactions effectuées sur le réseau. Lors de cette activité, les opérations de minage « découvrent » des nouveaux bitcoins, qui font partie de l’offre limitée aux 21 millions disponibles sur le réseau. Un peu à la manière d’un chercheur d’or, un mineur — qui peut être n’importe qui et n’importe où dans le monde à partir du moment où il a un ordinateur et internet — groupe les transactions Bitcoin dans un « bloc » (jusqu’à 3 500 transactions par bloc environ), et permet aux utilisateurs du réseau de finaliser leurs transactions.

Pour « créer » un bloc, le mineur doit résoudre un calcul très simple, mais répétitif afin de trouver un chiffre aléatoire que seul l’essai-erreur peut valider, par redondance de tentatives. Si le mineur en question est le premier à le trouver, il peut créer un bloc en attente de transactions, puis le diffuser sur le réseau. Il sera alors récompensé en bitcoins pour avoir engagé sa puissance de calcul, et pour permettre au réseau de fonctionner. Une fois qu’un bloc est miné, il est ajouté à la chaîne de blocs, appelée « blockchain » en anglais.

À gauche, les blocs dans la mempool, à droite, les blocs de la blockchain - Source: https://mempool.space/fr/

Si n’importe qui peut miner depuis son bureau ou sa chambre, le minage s’est industrialisé au fil des années, sous la forme de « fermes de minage »: des lieux spacieux, dans lesquels sont parfois regroupés des dizaines de milliers d’ordinateurs affectés au minage de bitcoins. Ces fermes sont souvent possédées par des entreprises, car elles nécessitent un certain investissement et coût opérationnel: matériel informatique spécialisé dans le minage de bitcoins, mais aussi un système d’aération et de climatisation pour éviter la surchauffe du matériel. Mais rassurez-vous, certains pays comme le Canada et l’Islande hébergent de plus en plus de fermes de minage, afin d’utiliser leur climat pour tenir les machines au frais, plutôt que la climatisation.

Ferme de minage à Magog, Canada

Alors oui, il existe aussi des fermes de minages dans des pays où il fait chaud. Très chaud. L’Afrique et l’Asie Centrale accueillent par exemple des fermes de minage. Pourquoi ? D’abord parce que le coût de l’électricité est faible dans ces pays. Et aussi parce que les fermes de minages travaillent avec des producteurs d’hydroélectricité et achètent leur surplus d’énergie qu’elles utilisent pour faire tourner les ordinateurs. Le réseau Bitcoin contribue ainsi à optimiser l’utilisation de l’énergie produite afin d’éviter le gaspillage, puisqu’en une année complète, une centrale hydroélectrique a tendance à produire en excédent. Les opérateurs de minage peuvent d’ailleurs débrancher leurs machines si la demande en électricité est trop importante. Ils seraient en effet susceptible de perdre en profitabilité face à leurs compétiteurs, qui eux aussi cherchent les sources d’énergie les moins coûteuses de la planète, aussi bien en termes d’impact économique qu’écologique.

Centrale hydroélectrique à Ya’an, Sichuan

‌‌Au Congo, seuls 8% de la population utilise l’électricité domestique. Les centrales au fil de l’eau tentent tant bien que mal d’inciter la population à utiliser l’énergie électrique plutôt que le charbon, qui impacte lourdement la déforestation du pays. Mais cette familiarisation avec l’électricité prend du temps et 92% des Congolais continuent de cuisiner matin, midi et soir au feu de bois. Résultat: la turbine des centrales continue de tourner et de créer de l’électricité en excédent. Et les fermes de minage achètent cet excédent pour l’utiliser et miner des bitcoins, tout en permettant à ces centrales de continuer à éduquer la population, et à perdurer dans le temps.

‌Tous au minage de Bitcoin !

Les gouvernements de l’Iran, du Venezuela et du Québec ont ouvert des centres de minage de bitcoins.

En Ukraine et en Biélorussie, l’État utilise l’excédent des centrales nucléaires pouvant atteindre jusqu’à 3 gigawatts pour miner des bitcoins.

En Afrique, au Canada et États-Unis,, des fermes de minage utilisent des déchets pétroliers, appelés gaz de torchères, pour les transformer en électricité et miner des bitcoins. Ces torchères renvoient  50% du gaz non brûlé rejeté sous la forme de méthane, qui est 20 fois plus puissant en effet de serre que le CO2. Bitcoin est donc non pas un pollueur. Bien au contraire, il agit comme un filtre à particules à effet de serre dans des opérations qui rejettent de lourdes quantités de polluants. Le Bitcoin contribue à protéger l'atmosphère de ces gaz néfastes tout en recyclant cette énergie en revenus pour les opérations de minage qui peuvent la réinvestir afin d’améliorer leur efficacité de production et donc réduire leur empreinte carbone. Cela semble être bien plus efficace que des subventions publiques !

Minage sur des torchères au Canada par Upstream Data Inc

Et la France, dans tout ça ?

Aujourd'hui, la France produit de l’électricité en excédent et l’exporte à ses voisins européens. En 2020, nous avons produit 500.1 TWh d'électricité, alors que nous n’en avons consommé que 449 TWh. Pourquoi vendre ce surplus d’énergie à l'extérieur, ou pire encore, le gâcher ? Cette production en surplus pourrait être utilisée pour l'industrie de minage de bitcoins. L'énergie est produite, autant l'utiliser ! Cela pourrait permettre d'utiliser l'électricité déjà produite, mais aussi de générer des revenus supplémentaires pour EDF, qui pourrait investir dans son infrastructure, voire même réduire la facture d'électricité des Français.

Alors, pourquoi dire que Bitcoin pollue ?

‌‌Consommer du surplus favorise la création de nouvelles sources d’énergies durables. La majorité des mineurs utilisent du surplus d’énergie électrique pour permettre au réseau Bitcoin d’exister. Le bénéfice de Bitcoin sur la gestion de l’énergie mondiale est largement supérieur à son risque. Le minage de bitcoins consomme actuellement moins de 2% des surplus planétaires, ce qui offre une capacité d’en consommer 50 voire 60 fois plus.

‌Alors, pourquoi comparer Bitcoin à la consommation d’un pays lorsque personne n’établit cette même comparaison avec la production d’aluminium, la production textile, la production d’une éolienne ? La consommation d’énergie de Bitcoin consomme beaucoup moins que le système qu’il tend à remplacer — à savoir le système des banques centrales — qui dispose d’une lourde empreinte carbone autant directe ou indirecte, et qui favorise une économie basée sur la dette et la consommation à outrance.

Un avenir plus vert

‌‌Si la Chine a longtemps contribué au minage de bitcoins en masse en utilisant du charbon, les mineurs abandonnent de plus en plus ce combustible fossile en faveur de l’hydroélectricité. Pourquoi ? Déjà parce qu’il pollue, mais aussi parce qu’il se raréfie et que son prix augmente. Une ressource qui par ces trois facteurs a incité à recourir aux énergies excédentaires dans le modèle de minage, et qui n’a aucune raison de changer. La consommation d’énergie de Bitcoin est appelée à n’utiliser que des surplus pendant encore plusieurs années, et participer à l’équilibrage naturel de la production et de la consommation de l’électricité mondiale.

En est-il de même avec le système actuel où des sources d’énergie, telles que l’éolien ou le solaire, sont favorisées non pas pour leur efficacité et fiabilité, mais pour l’agenda politique et écologique du moment ? Des questions qui soulèvent d’autres interrogations concernant la relation des États et des Banques avec Bitcoin, et que nous explorerons dans un prochain article.